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Du génie «aveugle» au chauffeur autonome

Inventé par un homme qui ne voyait jamais où il allait, le régulateur de vitesse est aujourd'hui un assistant high-tech équipé d'un radar, d'une caméra et d'un système anti-embouteillage : il a connu une carrière étonnante.

Publié le 12.08.2025

Pour moi, le régulateur de vitesse fait partie de ces petits boutons de confort sur le volant qui transforment les longs trajets en une sorte d'exercice de relaxation. Il doit son existence à un homme qui ne pouvait jamais voir où il allait. On sait trois choses sur Ralph Teetor : il était ingénieur américain, aveugle depuis l'âge de cinq ans et extrêmement agacé par le pied instable de ses chauffeurs sur l'accélérateur. Parfois, ils accéléraient quand ils parlaient, parfois ils freinaient quand ils écoutaient. Teetor en était furieux et cherchait une solution. En 1945, il déposa un brevet pour le « Speedostat », un système mécanique et pneumatique qui maintenait la vitesse constante et repoussait doucement la pédale d'accélérateur en cas de dépassement.

Succès retentissant

Dans les années 50, Chrysler reprit l'idée et proposa l'«Auto-Pilot» dans son modèle Imperial. Cadillac lui donna en 1960 le nom accrocheur de «Cruise Control» (oui, c'était déjà celui de K.I.T.T., la voiture de Michael Knight...). Mercedes suivit le mouvement en Europe au début des années 60, mais il s'agissait alors encore d'une option coûteuse réservée à la classe supérieure. La crise pétrolière de 1973 fit soudainement du régulateur de vitesse le chouchou des conducteurs soucieux de leur consommation : une vitesse constante signifiait moins de consommation et moins de stress pour respecter les limitations de vitesse alors nouvellement introduites.

Les années 80 ont vu l'arrivée de l'électronique. Finis les câbles et les boîtes à vide, place aux puces électroniques et aux calculateurs moteur. Le régulateur de vitesse est devenu plus précis et pouvait même intervenir dans les descentes.

Dynamique plutôt que rigide

Mais il pouvait aussi se montrer assez têtu : il maintenait sa vitesse, qu'un camion apparaisse devant lui ou non. Cela a changé au milieu des années 90, lorsque Mitsubishi a équipé pour la première fois ses véhicules de capteurs laser pour surveiller le véhicule qui précédait. En 1999, Mercedes a lancé le « Distronic » basé sur un radar dans sa Classe S. La voiture pouvait désormais ralentir, freiner et accélérer automatiquement. Dans les premières générations, cela se faisait plus ou moins en douceur, mais les progrès étaient clairement perceptibles.

Aujourd'hui, le régulateur de vitesse n'est plus une option de luxe. De la petite citadine au SUV électrique, il régule la distance, s'arrête dans les embouteillages et redémarre tout seul. Des caméras lisent les limitations de vitesse, les données cartographiques et de navigation adaptent la vitesse aux virages ou aux sorties. Et d'une certaine manière, il est sur le point de surpasser son inventeur : Ralph Teetor voulait simplement rouler de manière plus régulière – nous sommes depuis longtemps en route vers des voitures qui se passeront temporairement de conducteur.

 


Texte : GAT
Photos : Mercedes, Bosch, VW

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