Mercedes G 580 EQ - La Sainte Tôle

Tout a commencé il y a 95 ans avec la Mercedes-Benz type Nürburg 460. Le premier moteur huit cylindres de Daimler-Benz, développé par Ferdinand Porsche, a été offert en 1930 au pape de l'époque, Pie XI. A l'époque, la papamobile s'appelait encore la voiture de Rome.

Le pape était assis à l'arrière sur un fauteuil de trône rembourré de coussins d'air et recouvert d'un fin brocart de soie. Le ciel de pavillon était considéré comme un chef-d'œuvre de l'art de la broderie. Le motif : une colombe, symbole du Saint-Esprit. Pour l'aménagement intérieur, seuls les bois et les métaux les plus nobles étaient utilisés.

Outre le faste, on y trouvait également la technologie la plus récente : les fenêtres teintées ne présentaient pas d'éclats, une forme précoce de vitrage feuilleté. Le pape pouvait donner des instructions à son chauffeur sur la vitesse et la destination via un pupitre de commande. La papamobile a parcouru 40 000 kilomètres avant d'être retirée du service.

Mercedes-Benz Type 300 d Landaulet (1960)

La soi-disant Mercedes Adenauer était également un cadeau au pape Jean XXIII - connu sous le nom de « bon pape ». Il s'agissait d'une Mercedes-Benz Type 300 de 5,64 mètres de long avec une carrosserie dite Landaulet. Un Landaulet a un toit fixe au-dessus des sièges du conducteur et une capote que l'on peut ouvrir au-dessus de l'arrière. Comme dans la première papamobile, il y avait également un fauteuil du trône et deux sièges rabattables pour les accompagnateurs du pape. Le pape, connu pour sa modestie, a renoncé à un équipement fastueux. La nouvelle voiture de Rome avait en revanche des caractéristiques pratiques à bord, comme une vitre de séparation électrique avec le conducteur, un réglage électrique du siège, une climatisation, une radiotéléphonie et des poignées de maintien pour que le pape puisse également prononcer la bénédiction debout.

Mercedes-Benz Pullman 600 Landaulet (1965)

Le pape Jean XXII a été suivi par le pape Paul VI, qui a également eu droit à une papamobile. La Mercedes-Benz 600 à empattement long était tout simplement parfaite comme base pour la papamobile, qui devait également être livrée comme Landaulet. Le plancher de la voiture était surélevé, tout comme le ciel de toit. Bien entendu, la 600 Pullman-Landaulet disposait également de la climatisation, d'un interphone avec le conducteur et d'un réglage électrique du siège individuel.

Mercedes-Benz 230 G (1978)

La papamobile la plus célèbre est sans doute le premier modèle G, construit spécialement pour la visite du pape Jean-Paul II en Allemagne. Ce fut le premier véhicule à être officiellement appelé papamobile. Le pape devait être bien visible grâce à sa position assise et debout surélevée. Pour cela, de nombreux phares ont été installés afin de l'éclairer même à la tombée de la nuit. Pour cela, il a renoncé à un trône somptueux. Le profil d'exigences du véhicule comprenait une boîte de vitesses spéciale pour des déplacements lents et constants de 3 km/h. La version spéciale de la Mercedes-Benz 230 G fut le premier modèle G à porter l'étoile Mercedes sur sa calandre. Cependant, pour la visite du pape en Autriche en 1983, le logo fut à nouveau brièvement changé en Puch.

Mercedes-Benz 500 SEL (1985)

Après l'attentat contre le pape en 1981, le Vatican s'est également équipé. La Mercedes-Benz SEL livrée en 1985 était dotée d'un équipement de protection spécial. La Mercedes blindée était également appelée « château avec vue ».

Mercedes-Benz S 500 long Landaulet (1997)

En 1997, le pape a reçu une Classe S à empattement long, alors d'actualité. Le Landaulet était équipé d'une capote électrohydraulique et d'un siège individuel pour le pape. Ainsi, le pape Jean-Paul II, déjà atteint dans sa santé, pouvait se lever plus facilement.

Mercedes-Benz ML 430 (2002)

Pour les Journées Mondiales de la Jeunesse 2002 à Toronto, le pape a conduit une Mercedes-Benz ML 430. La carrosserie spéciale du véhicule s'inspirait de la Classe G, mais la coupole était entièrement fermée.

Mercedes-Benz G 500 (2005)

« Wir sind Papst », titrait en 2005 un journal allemand en grandes lettres lorsque le pape Benoît XVI a été élu nouveau pontifex maximus. En 2007, le pape allemand a de nouveau reçu une Classe G pour se montrer aux fidèles lors des audiences publiques du mercredi. La voiture, peinte en nacre, était équipée d'un dôme amovible de protection contre les intempéries.

Mercedes-Benz Classe M (2012)

Dix ans après la première ML, le pape Benoît XVI a reçu une nouvelle version de la papamobile. Il s'agissait d'une version spéciale allongée, pesant environ cinq tonnes et basée sur la Classe M. Elle était équipée d'un escalier escamotable pour faciliter l'accès et d'un trône mobile pour s'asseoir plus facilement. Des haut-parleurs extérieurs et intérieurs ainsi qu'un microphone étaient installés dans le corps en verre à l'épreuve des balles. La vitesse maximale était de 80 km/h.

Mercedes-Benz G 580 EQ (2024)

Après 12 ans, le pape reçoit à nouveau un papamobile Mercedes-Benz, le G 580 EQ entièrement électrique, qui vient d'être officiellement remis. Ce véhicule tout-terrain de plus de trois tonnes est équipé d'une propulsion électrique à quatre moteurs de 432 kW/587 ch. Une batterie de 116 kWh permet de parcourir jusqu'à 473 kilomètres, une distance qui ne sera probablement jamais entièrement déployée.

La partie arrière de la carrosserie a été transformée en cabriolet, il n'y a pas de porte arrière gauche. La banquette arrière a été remplacée par un siège individuel central, réglable en hauteur et pivotant. Deux autres sièges individuels ont été montés sur les côtés. Et s'il devait malgré tout pleuvoir, il y a un toit relevable.

Texte : Jürg Zentner

Des images : Daimler-Benz